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de vue un seul instant les principes métaphysiques,

qui sont l’unique fondement de tout véritable enseignement traditionnel.

Dans L’Homme et son devenir selon le Vêdânta, nous avons montré comment un être tel que l’homme est envisagé par une doctrine traditionnelle et d’ordre purement métaphysique, et cela en nous bornant, aussi strictement que possible, à la rigoureuse exposition et à l’interprétation exacte de la doctrine elle-même, ou de moins en n’en sortant que pour signaler, lorsque l’occasion s’en présentait, les concordances de cette doctrine avec d’autres formes traditionnelles. En effet, nous n’avons jamais entendu nous renfermer exclusivement dans une forme déterminée, ce qui serait d’ailleurs bien difficile dès lors qu’on a pris conscience de l’unité essentielle qui se dissimule sous la diversité des formes plus ou moins extérieures, celles-ci n’étant en somme que comme autant de vêtements d’une seule et même vérité. Si, d’une façon générale, nous avons pris comme point de vue central celui des doctrines hindoues, pour des raisons que nous avons déjà expliquées ailleurs[1], cela ne saurait nullement nous empêcher de recourir

aussi, chaque fois qu’il y a lieu, aux modes

d’expression qui sont ceux des autres traditions, pourvu, bien entendu, qu’il s’agisse toujours de traditions véritables, de celles que nous pouvons appeler régulières ou orthodoxes, en entendant ces mots dans le sens que nous avons défini en d’autres occasions[2]. C’est là, en particulier, ce que nous ferons ici, plus librement que dans le précédent ouvrage, parce que nous nous y attacherons, non plus à l’exposé d’une certaine branche de doctrine, telle qu’elle existe dans une certaine civilisation, mais à l’exphcation d’un symbole qui est précisément de ceux qui sont communs à presque toutes les traditions, ce qui est, pour nous, l’indication qu’ils se rattachent directement à la grande Tradition primordiale.

Il nous faut, à ce propos, insister quelque peu sur un point qui est particulièrement important pour dissiper bien des confusions, malheureusement trop fréquentes à notre époque, nous voulons parler de la différence capitale qui existe entre « synthèse » et « syncrétisme ». De syncrétisme consiste à rassembler du dehors des éléments plus ou moins disparates et qui, vus de cette façon, ne peuvent

jamais être vraiment unifiés ; ce n’est en
  1. Orient et Occident, 2 e éd., pp. 203-207.
  2. Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues, 3e partie, chap. III ; L’Homme et son devenir selon le Védânta, 3e éd., chap.Ier.