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ment en communications des « Mahâtmâs ». Enfin, Mme Blavatsky avait pu trouver divers renseignements dans les papiers de Felt, et dans les livres dont celui-ci se servait pour préparer ses conférences sur la magie et la « kabbale égyptienne » , et qu’il lui laissa lorsqu’il disparut ; c’est à Felt que semble être due la première idée de la théorie des « élémentals », qu’il attribuait assez gratuitement aux anciens Égyptiens[1].

Quant aux doctrines proprement orientales, Mme Blavatsky n’a connu du Brahmanisme et même du Bouddhisme que ce que tout le monde peut en connaître, et encore n’y a-t-elle pas compris grand’chose, comme le prouvent les théories qu’elle leur prête, et aussi les contresens qu’elle commet à chaque instant dans l’emploi des termes sanscrits. Du reste, M. Leadbeater a reconnu formellement qu’« elle ignorait le sanscrit », et que « l’arabe semble être la seule langue orientale qu’elle ait connue » (sans doute l’avait-elle appris pendant son séjour en Égypte)[2] ; et il attribue à cette ignorance du sanscrit la plupart des difficultés de la terminologie théosophique, difficultés telles qu’elles ont déterminé Mme Besant à remplacer par des équivalents anglais la plupart des termes d’origine orientale[3]. Ceux-ci étaient pris bien souvent dans un sens qu’ils n’ont jamais eu en réalité ; nous en avons vu un exemple pour le mot « Mahâtmâ », qui a été remplacé par « Adepte », et nous en trouverons un autre pour le mot « karma », qui a cependant été conservé. Quelquefois, Mme Blavatsky forgeait des mots qui ne peuvent exister en sanscrit sous la forme qu’elle leur donne, comme « Fohat », qui semble bien n’être qu’une corruption de « Mahat » ; d’autres fois encore, elle en fabriquait avec des éléments empruntés à des langues orientales différentes : on rencontre ainsi des composés moitié sanscrits et moitié thibétains ou mongols, comme « dêvachan », au lieu du

  1. Cf. Old Diary Leaves, par Olcott.
  2. L’Occultisme dans la Nature, p. 404.
  3. Ibid., pp. 222 et 263.