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tendu que, en dehors de sa bibliothèque, il n’avait absolument rien laissé[1]; pourtant, Mme Blavatsky écrivait en juillet 1876 : « Il a laissé toute sa propriété à notre Société », et le 5 octobre suivant : « La propriété consiste en une bonne quantité de riches mines d’argent et dix-sept mille acres de terre. » Cela n’était sans doute pas à dédaigner ; mais, en tout cas, ce qui serable le mieux établi, c’est que le contenu de la bibliothèque fut largement utilisé pour la rédaction d’Isis Dévoilée, qui devait paraître l’année suivante. Les divulgations du Dr Cowes eurent quelque retentissement en Amérique, surtout à cause de la personnalité de leur auteur ; aussi Judge crut-il devoir engager un procès en dommagesintérêts contre celui-ci et contre le journal où son article avait paru, pour « calomnies contre l’honneur des fondateurs de la Société »[2] ; ce procès n’eut d’ailleurs aucune suite, car il fut abandonné au moment de la mort de Mme Blavatsky, au nom de laquelle il avait été intenté. Cette dernière avait pris prétexte de cette affaire pour adresser aux membres de la branche française, le 23 septembre 1890, une longue lettre dans laquelle, se plaignant que des « calomnies » analogues fussent répandues à Londres, elle déclarait que ses « ennemis personnels » étaient aidés par « un membre des plus actifs de la Société en France », qui n’était autre que Papus, et qui avait « traversé une ou deux fois la Manche dans ce but honorable » ; elle ajoutait que sa patience était à bout, et menaçait d’assigner devant les tribunaux quiconque se permettrait désormais de porter contre elle de semblables accusations.

Mme Blavatsky mourut à Londres le 8 mai 1891 ; elle était malade depuis longtemps, et il paraît même qu’elle avait été deux ou trois fois abandonnée par les médecins[3] ; mais on prétendit qu’elle était mieux au moment de sa mort,

  1. Incidents in the life of Mme Blavatsky, p. 204.
  2. New-York Daily Tribune, 10 septembre 1890.
  3. D’après Olcott, la maladie dont elle souffrait était le mal de Bright (Le Lotus, juillet 1888, p. 225).