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mars 1889[1], et son directeur, F.-K. Gaboriau, s’exprima alors fort sévèrement sur ce qu’il appelait le « cas pathologique » de Mme Blavatsky, et avoua qu’il avait été entièrement trompé sur son compte lorsqu’il l’avait vue à Ostende en novembre 1886, « réfutant avec une habileté merveilleuse, que nous prenions alors pour de la sincérité, toutes les attaques portées contre elle, dénaturant les choses, faisant dire aux personnes des paroles que nous avons reconnues erronées longtemps après, bref, nous offrant, pendant les huit jours que nous avons demeuré dans la solitude avec elle, le type parfait de l’innocence, de l’être supérieur, bon, dévoué, pauvre et calomnié… Comme je suis plus porté défendre qu’à accuser, il m’a fallu des preuves indubitables de la duplicité de cette personne extraordinaire pour que je vienne l’affirmer ici. » Suit un jugement peu flatteur sur la Doctrine Secrète, qui venait de paraître : « C’est une vaste encyclopédie sans ordre, avec une table des matières inexacte et incomplète, de tout ce qui s’agite depuis une dizaine d’années dans le cerveau de Mme Blavatsky… M. Subba Rao. qui devait corriger Secret Doctrine, y a renoncé en déclarant que c’était « un fouillis inextricable »[2]… Certes, ce livre ne saurait prouver l’existence des Mahâtmas, il en ferait plutôt douter… J’aime croire que les Adeptes du Thibet n’existent pas ailleurs que dans les Dialogues philosophiques de M. Renan, qui avait inventé avant Mme Blavatsky et M. Olcott une fabrique de Mahâtmas au centre de l’Asie sous le nom d’Asgaard, et rédigé des entretiens dans le style de Koot Hoomi avant la manifestation de celui-ci. » Enfin, voici l’appréciation qui était formulée sur le compte

  1. La Revue Théosophique dirigée par la comtesse d’Adhémar, et qui parut un peu plus tard, ne dura qu’une année ; en 1890 commença la publication du Lotus Bleu, qui, sous le titre de Revue Théosophique française qu’il a pris en 1898, existe encore aujourd’hui.
  2. Subba Rao n’abandonna pourtant pas le théosophisme ; il mourut d’ailleurs en 1890, à l’âge de trente-quatre ans, d’une maladie fort mystérieuse, à propos de laquelle certains n’hésitèrent pas à prononcer le mot d’empoisonnement.