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quiconque recevait du Maître la moindre attention, sont simplement répulsives… Actuellement, j’ai pu en débarrasser la Société en consentant à le prendre avec moi, sous prétexte qu’il est docteur. La Société et Olcott à sa tête en étaient si effrayés qu’ils n’ont pas osé l’expulser. Et il a fait tout cela dans l’intention de me dominer, de tirer de moi tout ce que je sais. de ne pas me voir accorder à Subba Rao d’écrire la Doctrine Secrète, et de l’écrire lui-même sous ma direction. Mais il s’est grandement abusé. Je l’ai amené ici, et je lui ai dit que je n’écrirais pas à présent la Doctrine Secrète, mais que j’écrirais pour les revues russes, et j’ai refusé de lui parler d’un simple mot d’occultisme. Voyant que j’avais fait le vœu de garder le silence et de ne rien lui enseigner, il est enfin parti. Aucun doute qu’il ne se mette å répandre des mensonges à mon sujet dans la Société allemande ; mais cela m’est égal maintenant, laissez-le mentir »[1]. Vraiment, il faut convenir que ces apôtres de la « fraternité universelle » ont une façon tout à fait charmante de se traiter entre eux ! Les faits qui avaient donné lieu à ces accusations de Mme Blavatsky sont d’ailleurs assez obscurs : Hartmann avait, sur l’ordre des « Mahatmàs », préparé une réponse au rapport d’Hodgson, mais, le général Morgan ayant menacé de faire du bruit parce que son nom s’y trouvait, Olcott avait fait détruire ce travail[2] ; le rôle de ce Morgan, général de l’armée des Indes, est encore un point énigmatique. Hartmann prit sa revanche quelques années plus tard, en 1889, en faisant publier (et on se demande comment il y parvint) par la revue théosophiste Lucifer, organe personnel de Mme Blavatsky, une nouvelle intitulée L’Image parlante ď’Urur, qui n’était, sous le voile d’une allégorie transparente (Urur est le nom d’une localité voisine d’Adyar), qu’une âpre satire de la Société et de ses fondateurs.

À entendre Mme Blavatsky, ce qui arrivait était la faute

  1. Lettre datée de Naples, 23 mai 1885.
  2. Le Lotus, mars 1889, p. 708.