Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

par cette commission, le Dr Richard Hodgson se rendit à Adyar il y arriva en novembre 1884, et il y fit une minutieuse enquête qui dura jusqu’en avril 1885. Le résultat fut un long rapport dans lequel étaient exposés en détail tous les « trucs » employés par Mme Blavatsky, et qui aboutissait à cette conclusion formelle « qu’elle n’est pas le porte-parole de voyants que le public ignore, ni une aventurière vulgaire, mais qu’elle a conquis sa place dans l’histoire comme un des plus accomplis, des plus ingénieux et des plus intéressants imposteurs dont le nom mérite de passer à la postérité »[1]. Ce rapport ne fut publié qu’en décembre 1885, après avoir été soigneusement examiné par la Société des recherches psychiques, qui déclara en conséquence Mme Blavatsky « coupable d’une combinaison longuement continuée avec d’autres personnes, en vue de produire, par des moyens ordinaires, une série d’apparentes merveilles pour le soutien du mouvement théosophique ». Cette nouvelle affaire eut un bien plus grand retentissement que les précédentes ; non seulement elle provoqua encore beaucoup de démissions à Londres, mais elle fut bientôt connue hors d’Angleterre[2], et, jointe à d’autres incidents que nous rapporterons plus loin, elle fut pour la branche de Paris la cause d’une ruine presque complète.

Le rapport du Dr Hodgson était appuyé de nombreux documents probants, et notamment de la correspondance échangée entre Mme Blavatsky et les Coulomb, correspondance dont il est impossible de contester l’authenticité : M. Alfred Alexander, qui se fit l’éditeur de ces lettres, défia Mme Blavatsky de le poursuivre en justice. Quelque temps après, les Coulomb ayant fait citer celle-ci comme témoin dans un procès qu’ils avaient intenté à un membre de la Société Théosophique, le général Morgan, dont ils

  1. Proceedings of the Society for Psychical Research, décembre 1885, p. 207.
  2. Voir Revue Scientifique, 16 avril 1887, p. 503 ; Revue Philosophique, avril 1887, p. 402 ; Revue de l’Hypnotisme, février 1887, p. 251, etc.