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pour traiter comme il convient ce sujet, qui est d’une importance capitale pour tous ceux qui s’intéressent à l’étude des questions maçonniques, et en particulier de la question si controversée des « pouvoirs occultes » ; peut-être auronsnous quelque jour l’occasion d’y revenir. Tout ce que nous avons voulu montrer, c’est que Mme Blavatsky a simplement attribué aux « Mahâtmâs » ce qu’elle savait ou croyait savoir au sujet des « Maîtres » ; elle commit en cela certaines méprises, et il lui arriva de prendre à la lettre des récits qui étaient surtout symboliques ; mais elle n’eut pas de grands efforts d’imagination à faire pour composer le portrait de ces personnages, qu’elle relégua finalement dans une région inaccessible du Thibet pour rendre toute vérification impossible. Elle dépassait donc la mesure quand elle écrivait à Solovioff la phrase que nous avons citée plus haut, car le type selon lequel elle avait conçu les « Mahâtmâs » n’était nullement de son invention ; elle l’avait seulement déformé par sa compréhension imparfaite, et parce que son attention était surtout tournée du côté des « phénomènes », que les associations initiatiques sérieuses ont toujours regardés au contraire comme une chose fort négligeable ; de plus, elle établissait, plus ou moins volontairement, une confusion entre ces « Mahâtmâs » et ses vrais inspirateurs cachés, qui ne possédaient assurément aucun des caractères qu’elle leur prêtait ainsi fort gratuitement. Par la suite, partout où les théosophistes rencontrèrent quelque allusion aux « Maîtres », dans le Rosicrucianisme ou ailleurs, et partout où ils trouvèrent quelque chose d’analogue dans le peu qu’ils purent connaître des traditions orientales, ils prétendirent qu’il s’agissait des « Mahâtmâs » et de leur « Grande Loge Blanche » ; c’est là proprement renverser l’ordre naturel des choses, car il est évident que la copie ne peut être antérieure au modèle. Ces mêmes théosophistes ont d’ailleurs cherché à utiliser de la même façon des éléments de provenances fort diverses et parfois inattendues ; c’est ainsi qu’ils ont voulu tirer parti des visions d’Anne-Catherine Emme-