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tromper encore en déclarant que tout cela était faux, soit pour échapper à des questions indiscrètes, soit pour toute autre raison. En tout cas, il est de toute évidence qu'on ne peut imiter que ce qui existe : c'est ce qu'on peut faire remarquer notamment au sujet des phénomènes dits « psychiques », dont la simulation même suppose qu'il existe au moins dans cet ordre quelques phénomènes réels. De même, si les soi-disant « Mahâtmâs » ont été inventés. ce qui ne fait pour nous aucun doute, non seulement ils l'ont été pour servir de masque aux influences qui agissaient effectivement derrière Mme Blavatsky, mais encore cette invention a été conçue d'après un modèle préexistant. Les théosophistes présentent volontiers les « Mahâtmâs » comme les successeurs des Rishis de l'Inde védique et des Arhats du Bouddhisme primitif[1]; sur les uns et les autres, ils ne savent d'ailleurs pas grand'chose, mais l'idée très fausse qu'ils s'en forment a bien pu, en effet, fournir quelques-uns des traits qu'ils prêtent à leurs « Maîtres ». Seulement, l'essentiel est venu d'ailleurs, et de beaucoup moins loin: presque toutes les organisations initiatiques, même occidentales, se sont toujours réclamées de certains « Maîtres », auxquels des dénominations diverses ont été données ; tels furent précisément les « Adeptes » du Rosicrucianisme; tels furent également les « Supérieurs Inconnus » de la haute Maçonnerie du xviiie siècle siècle. Là aussi, il s'agit bien d'hommes vivants, possédant certaines facultés transcendantes ou supranormales; et Mme Blavatsky, bien que n'ayant certainement jamais eu la moindre relation avec des « Maîtres » de ce genre, avait pu cependant recueillir sur eux plus d'informations que sur les Rishis et les Arhats, qui d'ailleurs, n'ayant jamais été regardés en aucune façon comme les chefs d'une organisation quelconque, ne pouvaient en cela servir de type aux « Mahâtmâs ».

Nous avons vu que Mme Blavatsky fut en rapport avec

  1. Le Bouddhisme Ésotérique, pp. 18-24.