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le théosophisme

personnages se trouvaient déjà réunis[1] ! Morya, que Sinnett appelait « l’Illustre », et que Mme Blavatsky appelait plus familièrement « le général », n’est jamais désigné que par son initiale dans les appendices des rééditions du Monde Occulte (il n’était pas encore question de lui dans la première édition) ; voici la raison qui en est donnée : « Il est parfois difficile de savoir comment appeler les « Frères », même quand on connaît leurs vrais noms ; moins on emploie ceux-ci, mieux cela vaut, pour plusieurs raisons, parmi lesquelles on peut ranger la profonde contrariété qu’éprouvent leurs vrais disciples quand de tels noms deviennent d’un usage fréquent et irrespectueux parmi les railleurs »[2]. Mme Blavatsky a dit également : « Nos meilleurs théosophes préféreraient de beaucoup que les noms des Maîtres n’eussent jamais paru dans aucun de nos livres »[3] ; c’est pourquoi l’usage a prévalu de parler seulement des « Maîtres » K. H. (Koot Hoomi). M. (Morya), D. K. (Djwal Kûl). Ce dernier, qu’on donne pour la réincarnation d’Aryasanga, un disciple de Bouddha, est un nouveau venu parmi les « Mahâtmâs » ; il n’a atteint l’ « Adeptat » qu’à une date toute récente, puisque M. Leadbeater dit qu’il n’y était pas encore parvenu lorsqu’il se montra à lui pour la première fois[4].

Koot Hoomi et Morya sont toujours regardés comme les deux principaux guides de la Société Théosophique, et il paraît qu’ils sont destinés à une situation encore plus élevée que celle qu’ils occupent actuellement ; c’est aussi M. Leadbeater qui nous en informe en ces termes : « Beaucoup, parmi nos étudiants, savent que le Maître M., le Grand Adepte auquel se rattachaient plus particulièrement nos deux fondateurs, a été choisi pour être le Manou de la sixième race-mère (celle qui doit succéder à la nôtre), et que son

  1. L’Occultisme dans la Nature, pp. 408-409.
  2. Le Monde Occulte, pp. 248-249, note.
  3. La Clef de la Théosophie, p. 400.
  4. L’Occultisme dans la Nature, pp. 403-404.