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la société théosophique et le rosicrucianisme

phisme constitue sa prétendue doctrine. Dans les premiers temps, les « Mahâtmas « étaient aussi appelés parfois du simple nom de « Frères » ; on préfère aujourd’hui la dénomination d’« Adeptes », terme emprunté par les théosophistes au langage rosicrucien, dans lequel, en effet, il désigne proprement les initiés qui ont atteint les plus hauts grades de la hiérarchie. Le Dr Ferrand, dans l’article que nous avons déjà mentionné, a cru devoir faire une distinction entre les « Mahâtmas » et les « maîtres ou adeptes », et il pense que ceux-ci ne sont que les chefs réels de la Société Théosophique[1] ; c’est là une erreur, car ces derniers affectent au contraire de ne jamais se donner que le modeste qualificatif d’ « étudiants ». Les « Mahâtmas » et les « Adeptes » sont, pour les théosophistes, une seule et même chose, et cette identification avait été déjà suggérée par le Dr Franz Hartmann[2] ; c’est à eux aussi qu’a été appliqué exclusivement le titre de « Maîtres », d’abord d’une façon tout à fait générale[3], et ensuite avec une restriction : pour M. Leadbeater, « tous les Adeptes ne sont pas des Maîtres, car tous ne prennent pas d’élèves », et l’on ne doit, en toute rigueur, appeler Maîtres que ceux qui, comme Koot Hoomi et quelques autres, « consentent, sous certaines conditions, à prendre comme élèves ceux qui se montrent dignes de cet honneur »[4].

La question des « Mahâtmas », qui tient une place considérable dans l’histoire de la Société Théosophique et même dans ses enseignements, peut être grandement éclaircie par tout ce que nous avons exposé précédemment. En effet, cette question est plus complexe qu’on ne le pense d’ordinaire, et il ne suffit pas de dire que ces « Mahâtmas » n’existèrent jamais que dans l’imagination de Mme Blavatsky et de ses associés ; sans doute, le nom de Koot Hoomi, par exemple,

  1. Revue de Philosophie, août 1913, pp. 15-16.
  2. In the Pronaos of the Temple of Wisdom, p. 102.
  3. La Clef de la Théosophie, p. 388.
  4. L’Occultisme dans la Nature, pp. 377-378.