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la société théosophique et le rosicrucianisme

ces phénomènes n’étaient pas entièrement nouveaux, et les « clochettes astrales » s’étaient déjà fait entendre en Amérique devant Olcott et le baron de Palmes ; chose curieuse, en Angleterre, on les avait alors entendues également chez le Dr Speer et Stainton Moses ; peut-être même est-ce là une des circonstances qui firent dire plus tard à Olcott que « Stainton Moses et Mme Blavatsky avaient été inspirés par la même intelligence »[1], sans doute l’énigmatique Imperator dont il a été question précédemment, ce qui n’empêche que Stainton Moses, vers la fin de sa vie, avait écrit à son ami William Oxley que « la théosophie est une hallucination »[2].

C’est à l’époque où nous en sommes arrivé qu’entrent en scène les « Mahâtmâs » thibétains, à qui sera désormais attribuée la production de tous les phénomènes, et notamment, en premier lieu, le fameux Koot Hoomi Lal Singh, le nouveau « Maître » de Mme Blavatsky. Le nom sous lequel ce personnage est connu est, dit-on, « son nom mystique, d’origine thibétaine », car « les occultistes, à ce qu’il paraît, prennent de nouveaux noms au moment de leur initiation »[3] ; mais, si Koot Hoomi peut être un nom thibétain ou mongol, Lal Singh est certainement un nom hindou (de « kshatriya ») ou sikh, ce qui n’est pas du tout la même chose. Il n’en est pas moins vrai que le changement de nom est en effet une pratique qui existe dans beaucoup de sociétés secrètes, en Occident aussi bien qu’en Orient ; ainsi, dans les statuts de la « Rose-Croix d’Or » de 1714, on lit que « chaque Frère changera ses nom et prénoms après avoir été reçu, et fera de même chaque fois qu’il changera de pays » ; ce n’est là qu’un exemple parmi beaucoup d’autres, de sorte que le fait dont il s’agit est de ceux dont Mme Blavatsky pouvait avoir eu connaissance sans grande difficulté. Voici ce

  1. {{lang|en|Theosophist}=, décembre 1893.
  2. Light, 8 octobre 1892.
  3. Le Monde Occulte, p. 121 de la traduction française.