Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

sous des pizzicati que ne recommandait certes aucune harmonie des mouvements respiratoires, aucun manuel des exercices des bras, des jambes, du tronc, un jeune garçon, d’abord étonné de s’émouvoir à des brutalités attendries et précises, soudain pensa que de Mme Dumont-Dufour, le corps et les gestes avaient fini par le rendre attentif aux moindres imperfections du sexe dit beau, si bien que les joies, dont un athlète lui avait donné le premier soupçon, semblaient à sa peau plus naturelles que les autres, celles que, malgré les désillusions de certaines nuits dans les lits des femmes, il avait voulu s’obstiner à croire les plus exaltantes, les seules.

Dès lors, si de la chaleur d’une femme, ses désirs plus d’une fois encore surent renaître, ce fut bien plus de la chaleur que de la femme et, ces désirs, dont il acceptait de ne plus chercher à estimer l’objet, s’il les exprimait par des brutalités de chien, la rage exigeante que sa partenaire d’abord avait prise pour de l’amour, laissait bientôt place à un dégoût tel que le lit était déserté. Ainsi très vite, plus rien ne le tenta de la simple chair des filles.

Cependant, parce qu’il se rappelait les gestes de l’athlète et le bonheur possible qu’il en avait déduit, il s’était mis à regarder les jeunes hommes d’un œil qui n’était pas de simple camarade et, par exemple à l’atelier, durant la séance de croquis, pour oublier