Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée

et contraires, incapable d’avancer ou de reculer et cependant poussé à l’un et à l’autre, il n’y a plus qu’à se laisser écraser tandis que Mme Dumont-Dufour, chemise de nuit à jabot, bigoudis et papillotes, pieds chaussés de bottines à boutons, mode 1900, Mme Dumont-Dufour agite une serviette à thé en guise de drapeau et siffle dans un sifflet d’un sou !

En route pour Ratapoilopolis.

Ratapoilopolis. La folie ?

N’avait-il pas raison d’accuser sa faiblesse. Le malheur, se répète-t-il, est qu’il aime trop pour exiger d’elle aucun sacrifice réel, la seule créature qui pourrait l’aider à se guérir de toutes les frayeurs qu’il voudrait appeler vaines mais parmi quoi il se dit et se redit qu’il va succomber, le malheur est qu’aimant Diane, cette jeune fille qu’il a baptisée sans la moindre impression d’abus romantique « Diane aux doigts de paix » il ne veut s’en servir comme d’une garde-malade et, en même temps, s’avoue, par force, incapable de vivre toujours près d’elle, de la supporter même, le calme descendu, tandis que de Bruggle par exemple, perpétuel sujet de nouvelles tristesses, voire de nouvelles tortures, de Bruggle il ne saurait se passer et, comme il ne veut renoncer ni à l’un ni à l’autre, il lui semble que de l’impossibilité où il est de choisir naîtra une solitude définitive. Incapable de supporter un tel supplice, alors, il aimerait mieux renoncer à vivre.