Diane ne répondra point. Elle permet à Bruggle de venir sangloter la tête sur son épaule. Bruggle, elle comprend qu’il est lui aussi une victime. C’est un enfant ébloui. Pierre lui a dit mille fois comment il avait traversé l’océan dans les soutes d’un bateau. Il était maigre, il était pauvre, il était humble. Il est venu petit sauvage, aux yeux grands ouverts, grisé d’être aimé, désiré, jamais médiocre et toujours altier de ses rêves. Diane se rappelle comment Pierre, la première fois, parla de son amour. « L’enfant Septentrion dansa deux jours et plut. »
L’enfant Septentrion. Pierre est mort. Bruggle a perdu son rythme. Parce que Pierre est mort, Bruggle tombe à genoux, joint ses mains, sur des mains froides, des mains qui l’appelaient dans les rêves. Bruggle épave, lui aussi maintenant, Bruggle interroge encore : Pourquoi, pourquoi en Pierre était une telle ardeur qui le fit capable de me croire capable de tout ?
Pourquoi en Pierre était une telle ardeur ?
Diane qui sent le désespoir monter en Bruggle, comme une mer de folie, Diane retrouve un front où poser des mains qui veulent apaiser. Diane qui n’a su ni osé condamner encore essaie de secourir.