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mais c’est plus cher, ma liberté à moi, y aura pas mieux, ma liberté sera…

Mais déjà il n’ose plus prononcer le mot. Un bras bien serré contre un bras de Lucas, il s’attendrit, se sent redevenir un enfant. Et puis on lui explique : Arthur vous aime. C’est un jeune fauve et qui se montre d’autant plus cruel que plus innocent. Pierre fait « oui » de la tête. Ne s’est-il pas vingt fois donné ces arguments pour ne pas en vouloir à M. Arthur. C’est bien cela : Arthur est un jeune fauve et qui se montre d’autant plus cruel que plus innocent. Mais si Arthur aime Pierre qu’importe le reste. Pierre déjà oublie toute sa rage. Il interroge : vous êtes sûr qu’il m’aime ?

Mais Lucas, toute sagesse, conseille : Mon petit gars, moquez-vous donc de Bruggle, de ses chemises, de ses trop belles robes de chambre. Collez-vous avec une bonne petite rombière. Baisez à la papa et tout sera dit. N’est-ce pas ? Pour ce soir faites un petit tour avec nous. Et puis, rentrez à la maison. Roupillez bien.

Et demain, il n’y paraîtra plus. On va vous reconduire. Où habitez-vous ?

— Nulle part. Je me suis fâché avec ma mère aujourd’hui même.

— Eh bien, vous coucherez chez moi. Je vous dresserai un lit dans le bureau.

— Merci Lucas, je veux bien.

Lucas constate : Nous ne sommes pas loin du Negri-