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— Je vous dirai ce qu’il me plaît. Vous avez toujours fait ce qu’il fallait pour détacher Arthur de moi ; vous avez amené ces sales voyous.

— Injuriez les amis d’Arthur, tant qu’il vous plaira. Moi mon cher, je ne me mêle pas de vos affaires. D’ailleurs ce cher Arthur est assez grand, assez libre pour chercher ses aventures où il veut. Est-ce de ma faute si vous l’avez lassé avec vos nerfs de petite fille ? Vous êtes pire qu’un enfant, vous avez dix ans.

— J’en connais ici, qui voudrait bien pouvoir en dire autant.

— Arthur, vous entendez les grossièretés qu’il m’envoie.

Or Arthur qui a remis sa chemise et repris notion de son dignité, fait les gros yeux, la grosse voix :

— Vous pouvez partir maintenant Pierre, maintenant que vous avez ruiné mon soirée. Oh ! Ce n’est pas bien d’avoir ruiné mon soirée.

— J’ai ruiné son soirée. Vous entendez, il ne trouve rien d’autre à me dire. J’ai ruiné son soirée. Il s’agit bien de tes quatre snobs et de tes deux tantes d’opéra-comique. Tu ne comprendras donc jamais rien. Tu vas m’en vouloir ta vie entière, parce que j’ai gâché, comme tu dis, ton opportunité. Mais, Arthur, tu ne sais donc pas qu’il y a d’autres opportunités que celles des Ballets danois, des succès mondains, Arthur, Arthur.

Il n’a pas la force de continuer. Ses derniers mots