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étais ce soir le plus heureux des hommes. Bruggle t’attend, va chez Bruggle.

— J’irai chez Arthur, mais toi Diane ?

— Moi, je rentrerai. Au revoir Pierre.

— Au revoir Diane.

Deux mains se touchent, deux mains qui ne se sentent point, et plus froides que mains de mort. Une jeune fille s’éloigne raide, va disparaître dans le brouillard. Un jeune garçon la rappelle d’un cri, la jeune fille s’arrête, se retourne, va revenir mais lui, qui a crié sans se rendre compte, lui exaspéré de cet élan se met à courir, à fuir. N’a-t-il voulu qu’elle ne se retournât, qu’afin de mieux lui signifier sa volonté de rupture. La jeune fille en un instant a perdu jusqu’à ce courage extérieur qui soutenait son corps. Elle a mal sans savoir où. Ses pieds se traînent.