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Alors ce sont ses doigts, ses doigts, tu entends Diane, ses doigts à lui et non les tiens qui m’ont guéri. Tu vois qu’il peut faire tes miracles. Toi tu ne pourras jamais faire les siens. Et moi je ne puis rien, rien pour toi. Diane il ne faut donc plus nous voir.

— Il ne faut donc plus nous voir, répète un écho tout proche.

Et la jeune fille qui marche sans regarder entend une phrase hachée, des sanglots qui demandent pardon. Encore une fois elle aura pitié. Elle se retourne, elle voit Pierre immobile, à quelques pas en arrière, la tête dans les mains qui pleure.

Alors doucement : Pierre il ne faut pas pleurer.

Lui entre les dents : Diane j’ai honte.

Mais elle, comme un refrain de consolation : Pierre il ne faut pleurer, il ne faut pas avoir honte. Pourquoi ces remords. Je n’ai rien à te reprocher. Je suis ta sœur aînée, tu le sais, rien qu’une sœur aînée.

— Rien qu’une sœur aînée. Diane je n’accepte pas ce mensonge par charité. Pourrais-tu me jurer…

— Pierre il ne faut pas me demander de jurer.

— Tu vois, tu as encore pitié. Mais je ne veux plus de cette pitié maintenant que ses bonnes intentions sont devenues par trop transparentes. Diane, ta tendresse ne te console pas et elle ne peut rien que pour mon malheur.

— Ne parlons pas de ton malheur tu as dit que tu