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— Tu veux savoir à quoi t’en tenir.

Elle répète ses paroles comme une pauvresse tâte l’étoffe qu’on vient de lui donner pour se vêtir. Qu’il pense à lui demander des comptes, alors que lui-même est dans un moment sinon décisif, du moins difficile, n’y a-t-il point là de quoi la rassurer ? Doucement reconnaissante une voix promet :

— Je vais tout te dire Pierrot.

En réponse une menace : Tu vas tout me dire, c’est bien vrai, si tu mens…

— Puisque je te promets de tout te dire. Mais il ne faudra plus te moquer de Cloupignon, ce serait mal.

— Commenceras-tu ?

— Oui Pierre. D’abord tu sais chaque semaine le cousin Bricoulet vient supplier maman de vouloir bien devenir sa femme. Je crois qu’elle-même en grille d’envie, mais comme elle sait que je déteste Bricoulet…

— Pourquoi le détestes-tu. Je te ferai remarquer ma chère Diane, qu’avec tes airs généreux tu brises purement et simplement la vie de ta pauvre mère. Si tu avais un peu d’âme, tu mettrais sa main dans celle d’Honoré. Et en avant la fanfare. Je vois d’ici cette chère Herminie en chantilly, fourreau de satin noir, grand chapeau de velours tendu, paradis et voilette en rechantilly, souliers plus que vernis et deux œillets piqués dans un renard argenté.