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Homme, femme, enfant, parlez ! Personne ne parle ? Hein ? Comment ? Vous avez confiance en moi ? Merci. Très flatté !

Le public sourit. Lui se rengorge. Dix pas de long en large, et d’une voix claironnante :

— Or, donc, l’Art, — suivant ma conception de cette année, résultat de mon cours de l’an dernier, — l’Art c’est l’expression, et l’Art c’est la représentation…

Brusquement il s’arrête pour émouvoir une directrice de pensionnat qui, avec fièvre, prend des notes.

— … C’est la représentation, dans une œuvre durable, de l’état émotif d’un artiste, aspirant à se communiquer à des spectateurs !

Il souffle après cette cuistrerie. Puis il s’ébroue :

— Halte-là ! Je me suis trompé ! Vous ne vous en êtes pas aperçus ? Naturellement. Vous pensez à autre chose. Vous êtes à un cours et ne pensez pas à ce cours. Théâtre, thé, vie mondaine, vie légère ! Air connu… Eh bien, n’importe !… Le cours