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vous étouffez aux cours de ce Tartuffe… J’ai lâché le mot. Tant pis ! J’aurais voulu qu’il vînt de vous… Mais puisqu’il est lâché, je le défends ; je ne le crois pas téméraire. Approchez ; soyez attentifs. Voyez cette tête morose, laquelle soupire : « Je suis une victime de la Vérité ! » ; — ces yeux éreintés par la mauvaise poussière de tant de documents apocryphes, qu’il arrange au gré de ses passions radicales ; cette bouche amère d’avoir trop médit, car vous allez entendre son cours : cet homme n’a qu’un plaisir en son cœur vinaigré : rapetisser le passé et, de ce fait, empoisonner le présent. Fossoyeur insensible, il ramasse des os, les montre et dit : « Voyez !… Rien ne tient plus ! »

Alors ?…

M’objecterez-vous, du moins, que son geste est doux et pieux et que chacune de ses phrases renferme toujours deux ou trois mots en sucre ? Direz-vous, enfin, que nous sommes devant une adorable créature du Bon Dieu, ou croirez-vous, avec moi, que M. Aulard nous joue ? Je suis sûr qu’il nous