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rivent pas à la surface de son cerveau, il pourrait par ses à peu près indiquer qu’au moins il a des pensées… profondes. Laissons donc la forme, cherchons le fond. M. Martha traite de Tite-Live. Il explique que Tite-Live s’est trouvé en face de certaines légendes populaires. Et voici là-dessus ce que sa pensée créatrice élabore :

— Messieurs, ce sont ces légendes, ces légendes-là, ces légendes contre lesquelles personne n’a le courage de s’inscrire en faux, ces légendes respectées par tous, ce sont, dis-je, ces légendes, que Tite-Live à son tour n’ose pas toucher. Or, si l’on y regarde de près, j’entends si l’on veut être équitable, si vraiment on entreprend un examen consciencieux, un examen qui soit à la fois impartial et critique, — on voit, et si on ne voit pas, on devine, dans tous les cas, on comprend que Tite-Live ne fut nullement dupe de ces légendes-là.

M. Martha, tout aise de sa tirade, se laisse aller : il se renverse. Puis il reprend :

— Devant ces légendes, que s’est donc dit Tite-Live ?… Car ce qu’il nous a dit