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vieux Monsieur. » Et grâce à cette idée, on prend plaisir au début, chantonné d’une voix nasillarde et pompeuse. (Chez moi, si je veux faire rire mon petit garçon qui a quatre ans, c’est ce ton-là que je prends, et cette voix-là que je fais). Mais si l’on est parmi le public, on ne se divertit vraiment que quand on partage une joie commune. Sinon, on est un monstre. Or, les auditeurs de cette éloquence française sur l’Éloquence latine paraissent avoir l’âme abattue et misérable. Si bien qu’on se fait violence pour s’accorder au sentiment des autres, et tout à coup, on ne voit plus de M. Martha que sa médiocrité et son insignifiance. Au point que, pour ma part, je pensai : « Il doit être souffrant… » Je ne voulus pas l’entendre toute une heure, je lui fis crédit ; je revins huit jours après : il était pire que je n’avais cru. Je revins encore : chaque fois il se surpassait ! Force me fut de conclure que son génie propre et coutumier était d’être… était de n’être pas.

Pourtant, M. Martha a un trait positif : dans le vide, il est satisfait. M. Puech, lui,