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GASPARD

pitait, vivante et si troublante, car rien ne remue les hommes comme un sein de femme un peu inquiet. Il y a tant de charme dans une poitrine charmante, assez petite et bien prise. Les caresses que l’homme désire toujours, sont là, promises et presque offertes ; et il lui semble que la femme se confie, rien qu’en respirant devant lui. — Celle-ci, d’ailleurs, avait des yeux trop clairs, la bouche trop fraîche, les tempes trop blondes, pour qu’on ne crût pas tout de suite qu’elle devait être sensible aux paroles d’amour, avec un cœur prompt et souple, qu’on voyait battre sous son corsage.

Burette se frisait la moustache. Gaspard, moins gêné, avançait la tête en faisant des yeux ronds.

— D’où venez-vous comme ça, mademoiselle ? dit Burette.

— Et où qu’ vous allez surtout ? dit Gaspard. Restez avec nous : vous ferez not’ fricot. Pis… on causera… Ah ! sans blague, heureusement que j’ suis pas marié !

Elle se mit à rire, les yeux baissés. Elle était gentiment mise, avec une robe légère qui dégageait les bras et le cou, un cou si jeune, des bras charmants, d’une chair un peu rosée, comme seules en ont les blondes, par un matin de soleil.

Gaspard avait posé son fusil contre un arbre pour avoir les mains libres.