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GASPARD

blaient alertes : ils ne souffraient plus de leurs pieds. Les yeux brillaient ; les bouches riaient. Et ils regardaient presque avec des larmes de reconnaissance le chef tout simple et si tranquille, qui avait eu cette paternelle idée.

Le vin ! Quelle splendeur et quelle puissance ! Des hommes dont le moral est en loques, abattus, abrutis, il vous les transforme en une troupe nerveuse, éveillée et qui repart en chantant.

Car tout de suite Gaspard reprit son refrain :

Paraît que la cantinière,
A de tous les côtés…

— Ah non ! dit Burette que le jus de vigne rendait amoureux, pas ça ! Un air galant !

Alors, l’autre cligna de l’œil et il se mit à entonner :

Mariez-vous donc ! mariez-vous donc !
C’est si gentil, c’est si bon !
Pourquoi rester garçon ?
Allons,…
Mariez-vous donc !

Tout le monde de se tordre, même Pinceloup, et les deux premiers kilomètres furent enlevés dans cet éclat de rire.

Pour le troisième, ce sacré Gaspard changea de ton. Il devint tendre :