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GASPARD

— Metz ou pas Metz, dit Gaspard, où que j’ vais foire mon frichti ?

— Tu nous poisses avec ton frichti, dit Romarin qui prêtait l’oreille.

— J’ te… comment tu dis ça… J’ te poisse ? Ben, mon bonhomme, tu peux toujours, comme hier, me d’mander un morceau sans gras. J’ t’aurai à l’œil, toi. Ah ! j’ le poisse, non mais c’ culot !

— Allons, dit Burette, pas de dispute. Vous feriez mieux de me trouver des œufs frais.

Il se frottait le ventre.

— J’ai faim.

Il prit Gaspard par le bras.

— Viens visiter les poulaillers.

Gaspard, dans le village, recommença :

— C’est mon frichti qui m’ turlupine…

— Tu n’as, dit Burette, qu’à te mettre ici, derrière l’église, sous cet auvent qui ne sert à rien.

— Faudrait pas aussi que l’ curé il s’aviserait de m’ dire qu’ ça y plaît pas.

— Le curé est brave homme, comme tous les curés.

— Oh ça, là-dessus, faut pas m’en faire un plat, dit Gaspard. Les curés j’ les connais, comprends-tu. J’y ai goûté, pis j’ les digère pas.

— Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? dit Burette… mais en me racontant ce qu’ils t’ont fait, ne perds pas de vue que je cherche un poulailler.