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II


Les trains à bestiaux ! Quoi de plus médiocre et quoi de plus morne ! Il fallait la guerre pour les voir s’animer soudain, et devenir ce que la France avait de plus passionnant. — Les femmes, aux passages à niveau, les acclamaient. Elles riaient de lire sur le bois des wagons : Train de plaisir pour Berlin. Les soldats de crier : « Bonjour Marie !… Ça va Margot ? » Elles agitaient leurs mouchoirs, lançaient des fleurs ; et les régiments en route pour la frontière traversaient des provinces françaises, qui semblaient en fête.

Gaspard, Burette et Moreau ont conscience de ne s’être jamais « payé une telle bosse. »

Afin de respirer, de voir et de descendre au moindre arrêt, ils avaient pris possession de la porte dans leur voiture à bétail, et rien ni personne ne les en délogea. À chaque plainte Gaspard répondait :