Les chats noirs, effrayés, filaient de chaque côté de sa jambe.
Il revenait à sa table. Il commandait :
— Un aut’e vermouth-cassis, un !
Puis il racontait sa vie dans son second hôpital à l’huissier et au bijoutier qui sirotaient des cafés chauds, les yeux bridés par le plaisir.
— Ah ! les amis, c’qu’on était bath ! Autant d’cadeaux qu’d’heures su l’cadran : tabac, crottes à la crème, cosmétique pour moustaches. Moi, dans mon lit, je m’bidonnais. Quand j’les voyais s’amener, j’disais : « Ça biche ! Core du bénef ! » J’faisais semblant d’pioncer, pis j’ouvrais l’œil ; j’poussais un soupir. Aux soupirs, les dames elles résistaient pas. Elles disaient comme ça : « Mon pauv l’ami, quoi c’est qu’vous avez envie ? » J’avais qu’à dire. Hop ! ça s’amenait, pis servi chaud. Et alors, comme visites, un défilé qui s’posait là ! Des dames avec des gants, des généraux, des bon’hommes ayant des crachats jusque su l’ventre, pis l’évêque, le préfet, des journalisses… Ah ! les journalisses, c’qu’ils m’ont fait rigoler ! Ils m’faisaient des bobèches d’bigotes d’vant Saint-Antoine : « Comment qu’ça va, monsieur ? Vous souffrez-t-il, monsieur ? Racontez-nous ça, monsieur. » Et alors, si la plume elle ronflait sous ma dictée !.. Moi, j’avais cru qu’pour être célèbre fallait quèque