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GASPARD

note arriva du commandant-major, accompagnée d’un rapport de la Douane sur le soldat Gaspard, qui, à son retour de permission, ayant été surpris porteur d’un litre d’alcool, « s’était montré incorrect et brutal envers les douaniers. »

Ah, cette fois, le capitaine n’en revenait pas ! Il dit : « Mais il a le diable au corps ! » En gros sur la feuille il écrivit : « Parti pour le front », puis il s’écria :

— Le sauvage ! Faites-le décamper tout de suite ; qu’il ne reste pas une seconde de plus à la Compagnie ! Il finirait par passer au Conseil.

— Ye le lui ai dit, remarqua cauteleusement Dupouya.

— Et je ne veux le revoir sous aucun prétexte ! dit le capitaine. Qu’il me foute le camp !

On transmit à Gaspard cette décision ; il en fut atterré. Justement il était tout prêt : musette pleine, sac chargé, fusil sur l’épaule ; il allait se présenter. Alors il se confia à Moreau, pour qui il avait quelque dédain maintenant, mais quand on part, tant de choses s’oublient. Et il lui dit donc :

— Coute voir, mon pote… L’ piston l’est colère. J’ comprends. Je r’connais : j’ai fait des blagues, des sales blagues ; mais… ça m’ fait quèque chose d’ m’en aller comme ça, pasqu’au fond… c’t’un bon vieux, qu’a pas dû avoir la