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Pis j’y ai dit : « Pouilleux, va !… Moi, j’ te d’mande pas ton nom : j’ sais bien qu’ c’est « face moche », ni c’ que tu fais, pasque t’as jamais rien foutu… »

— Tu lui as dit ça ?

— Ah, j’y ai dit !

— Et tu jubiles à le raconter ! Allez, allez, retourne en boîte, dit le capitaine. Illico. Demi-tour !

— Mais… habiller les bleus… risqua Gaspard.

— En boîte ! Rondement !

Il avait repris son teint en s’expliquant avec le capitaine : il le reperdit dès qu’on l’eut renfermé. Il avait juste eu le temps d’apercevoir Mousse, qui se traînait comme une âme en peine.

— Mais on tira Gaspard de sa prison au bout de vingt-quatre heures au lieu de quarante-huit, le départ des volontaires étant avancé.

Le capitaine le fit venir :

— Tu pars tout de suite. Es-tu content ?

— Tout de suite ? Sans blague !… Mon capitaine vient avec nous ?

Cri du cœur. Le capitaine le comprit. Il lui serra la main avec force, lui souhaitant bon courage, puis :

— Tu viendras me revoir, quand tu seras équipé.

Gaspard avait oublié sa prison ; il exultait. Mais… il n’avait pas quitté le bureau qu’une