Il regardait Marie avec attendrissement. Il lui trouvait une honnête figure de femme sincère et sans roueries. Il savait qu’elle n’avait jamais été très habile au commerce ; il s’était « mis avec elle » parce que, d’abord, le mioche était venu ; puis, elle lavait bien : elle était soigneuse et bonne, jamais colère. Un jour, il lui avait jeté la soupe à la tête ; elle avait pleuré, sans répondre ; et, honteux de soi, il avait dit : « Miaule pas ! J’vas en r’faire une autre ! ».
En cette nuit d’arrivée, après avoir bu le « jus » qu’elle venait de servir, tous les souvenirs un peu troublants remontaient au bord de sa mémoire. Il était radieux de retrouver son logement en ordre. Il regardait le lit où il allait se recoucher avec elle. Et comme il embrassait le petit, endormi sur son bras, il se sentit soudain tant de reconnaissance pour cette brave créature, qui le lui avait gardé, bien soigné, bien nourri, qu’il se mit à balbutier :
— Savez pas, vous aut’es… V’là qu’il m’vient une idée… C’est la guerre… et la guerre donne des idées… C’est pas qu’j’étais un cerf-volant, mais enfin on s’sent des idées… qu’on n’avait pas avant la guerre… Écoute, Bibiche (c’était Marie qu’il appelait Bibiche), crois-tu qu’ça s’rait pas mieux… qu’nous nous mariions ?
Elle était surprise. Elle fit :