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GASPARD

truche pas pour von Gluck ! Pantruche c’est pour ma gueule !

Il emmena Mousse à la cantine. Il y emmena tous ceux qu’il rencontrait. Il y vida sa bourse, gardant juste le prix de son voyage. Puis, il erra dans la cour, faisant la nique aux camarades :

— On va vous laisser là, dans vot’ château ! V’s avez pas honte d’ moisir là-nedans ? Où qu’ sont vos nerfs ? V’s êtes comme des nouilles ?

Il questionnait même ceux qu’il n’avait jamais vus :

— Eh ! toi, l’affreux, ça t’ plaît comme ça d’ pourrir ici ? Ah ! ben, sans blague, t’es pas d’ la même fabrique que moi. Trois jours, Pantruche, et pis roulez : visite aux Boches ; ça c’t’ exister !

Sur ces mots, il se tourna vers le bâtiment de la trésorerie, où toute la journée griffonnaient une cinquantaine d’hommes, parmi des monceaux de paperasses, dans une tiédeur douce. Il reprit de plus belle :

— Et c’te turne-là ! Pleine d’embusqués ! Comment qu’ ça vit ? Quelles croûtes que c’est ! Tiens, viens les voir, qu’on les admire !

Et il marchait, entraînant son ami ; et il entra comme il disait. — Il y avait une porte vitrée. Il s’arrêta net ; puis montrant le bureau, à voix haute, il continuait d’expliquer :