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GASPARD

se chauffait au magasin et que Mousse grattait du papier au bureau quand, brusquement, une nouvelle arriva en coup de tonnerre :

— Le général !

Le chef se jeta sur l’agrégé-inapte :

— Filez ! Si on vous pinçait ici !… Cachez-vous aux écuries ! Qu’il ne vous voie pas ! Il déteste les inaptes !

Mousse se précipita dehors. Pluie, bourrasque. Il courut vers le magasin. Gaspard se chamaillait à la porte :

— Ça va bien… J’m’en irai, mais donne-moi mon litre !

— Tu l’auras plus tard. Sauve-toi. L’général !

— J’te dis que j’veux mon litre !

Il réussit à l’avoir. Tous les deux, chassés ensemble, remontèrent ensemble dans la chambrée. Un caporal leur tendit deux balais :

— L’général arrive ! Alignez la paille !

Ils refilèrent dans la cour. Un sergent leur barra le chemin :

— Ôtez les cailloux superficiels. Voilà le général !

Ils s’enfuirent à toutes jambes et se blottirent enfin dans un hangar, sous une voiture, attendant que la crise fût passée…

Le lendemain, comme on ne leur demandait plus rien, ils se sentirent de nouveau une envie dévorante de faire quelque chose.