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GASPARD

— Moi, ça va… Alors, ça y est ?… On leur-z-y fout la pile ?

— Avec l’aide de Gaspard.

— En c’ cas, y a du bon. Gaspard s’engage ! On paye toujours un sou par jour ? Bath, c’ truc-là : on s’ fera des rentes !

Il avait de la joie plein les yeux de revoir son capitaine. Il pensait : « C’t un bon vieux, qu’aime qu’on ait des godasses à sa mesure, et qui goûte la soupe el’ premier. » Heureux d’avance, il offrit tout de suite ses services :

— Mon capitaine,… dites voir… si y a du boulot, j’ suis là pour un coup.

Le capitaine répondit :

— Tu vas m’habiller ma compagnie.

— Ça colle ! Où sont les frusques ?

— On va te montrer. Viens avec moi.

Gaspard était flatté. Il marchait maintenant à côté du capitaine. Tous deux de Paris, n’est-ce pas, on se comprenait… Quand ils passèrent la grille du quartier, l’homme de garde présenta les armes, et Gaspard eut un sourire négligent.

Dans un coin de la caserne, le capitaine montra tout un groupe d’hommes mêlés. Il dit : « Voilà les nôtres. » Il y avait des provinciaux, des campagnards, des Parisiens. Deux jours après, grâce à Gaspard, il y avait une compagnie de soldats.

Il commença, avec un bon du capitaine et trois