pas. Tout doucement, elle s’en vint contre la tête de son enfant. Son petit sac tomba sur la couverture. Elle glissa son bras sous l’oreiller ; puis, le ramenant tout à elle, tout contre elle, d’un mouvement berceur où elle mettait sa pleine tendresse, elle l’embrassa de toute son âme, murmurant : « Mon petit… mon tout petit… » Sous le baiser maternel, il s’étira, le pauvre ; puis, brusquement, il ouvrit des yeux énormes, stupéfaits, et sa bouche se mit à trembler de joie sans qu’il pût rien dire. Alors, elle le lâcha, recula, ouvrit ses bras ; il tendit les siens, et on n’entendit plus qu’un bruit de sanglots et de rires.
— Mon petit… mon Pierre… mon Pierrot… Mon enfant… si cher !… C’est toi… Je t’ai… Tu n’as qu’une blessure… Raconte… Tu souffres ? Dis la vérité… Qu’il est changé… mais qu’il est drôle ! Mon chéri… te revoir… te tenir !… C’est horrible, est-ce pas, là-bas ? On se fait pas idée… Mais te voilà… Tu vis !… Tu me vois ! Que c’est bon ! Embrasse, embrasse… Reste là : bouge plus ; j’ai vécu de telles semaines : je serais devenue folle… Dieu, que je suis heureuse !… si heureuse ! Fais pas attention, je pleure, c’est la joie… petit… Oh ! petit !…
— Madame, dit une voix derrière, mande pardon, madame…
Elle se redressa.