Page:René Benjamin - Gaspard, 1915.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.


V

Un soldat blessé, qui arrive à l’hôpital, pénètre dans un monde nouveau.

Il vient de se battre et de souffrir parmi les hommes de son pays. Soudain, il repose entre les mains des femmes. Autre face de la vie.

On le commandait : on lui demande ce qu’il veut. On ne lui parle plus de la mort : on lui promet qu’il va guérir. Il ne sent plus aux épaules la main rude de la servitude militaire : il est pansé par des doigts délicats, dont le dévouement est libre et consenti.

Alors il devient doux, souriant, puéril, prêt à toutes les gratitudes, et sa langue ne remue plus que pour des mots drôles et gentils, qui font dire aux infirmières : « Que de braves gens dans ce pays de France ! »

Lui pense pareillement : « Que les femmes sont bonnes chez nous ! » — toutes, mêmes celles du