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GASPARD

— …urette ? …auvre …urette, reprit Puche. Est-il mort ?

— Ah ! l’a mauvaise façon !

— Mourir …our la …atrie, dit tranquillement Puche, c’est la …lus …elle mort…

Il n’était nullement nerveux, mais blessé, saignant, le visage ouvert, avant de se faire évacuer et soigner il tenait à mettre ses affaires au point, et sans gestes, sans phrases, il calculait simplement le boni de la compagnie. Puis il ajoutait :

— …our les …ommes de terre, il ne …aut …as qu’on les arrache sans demander.

— Soyez sûr, mon capitaine, faisait le sergent-major ; seulement vous saignez beaucoup.

Le sang dégouttait sur son papier.

— Ce n’est rien… rien… ça va …asser… Au revoir …aspard. …onne chance !

Ils se serrèrent la main. Gaspard, hébété, bafouilla des mots sans suite, puis il s’écarta.

Il entendit encore Puche qui disait :

— Dans ma cantine, il y a du chocolat. Vous …ourrez le …rendre …our les hommes.

Puis il tendit sa jumelle, sa carte, et il laissait toujours aller sa tête pour que le sang ne coulât plus sur sa veste ni sur ses paperasses.

Gaspard s’écarta, se disant à soi-même : « C’bonhomme-là, c’t’un héros ! »

Puis il recourut vers Burette.