pratique, qui ne pèse guère à l’honnête homme, et qui recouvre le charlatan. C’est inouï ce qu’est devenue la médecine. Comme le barreau. Comme les lettres. Quelle rapidité dans la déchéance ! Écoutez plutôt l’odyssée de ma sœur.
Cela commence par un malaise étrange. Son cœur fait le fou : il se met à battre, à sauter, à l’étouffer. Elle est prise de vertiges et s’évanouit. Elle se voit perdue. Elle téléphone. À qui ? À celle de ses amies qui a le plus de santé, une baronne Van Tuppel, Française divorcée d’un Hollandais. En trois phrases la baronne la persuade qu’elle va guérir, et de la façon la plus agréable, en se racontant à un médecin, qui est à la fois un savant et un charmeur. La baronne lui doit la vie ! Ma sœur court chez lui : il s’appelle le docteur Le Héros.
Or, il se trouve que c’est un grand médecin. La baronne n’en sait rien, ma sœur non plus, mais je le connais : c’est un homme qui voit l’âme, quand il observe le corps, et il sait qu’il y a des indigestions psychiques, sur lesquelles personne ne peut rien, avec des gouttes et des cachets.
Son regard est beau ; il a de la flamme, de la noblesse. D’un coup d’œil il saisit les raisons d’une souffrance. Intuitif comme les grands artistes, il connaît ses limites comme les vrais savants.