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29 juillet 1937.

Chère amie, deux heures après ma lecture, Thierry m’a dit, comme je l’aidais à sa valise :

— Papa, iras-tu voir M. Bienvenu ?

— Ah ! non, mon fils. Pas dans cette vie.

Thierry a soupiré :

— Dire que moi, j’allais le voir tous les jours !… Quelle fréquentation pour un enfant !… C’est drôle, on force les enfants, parce qu’ils sont enfants…

— Tais-toi ! lui dis-je tout de suite. Tu ne seras plus jamais forcé de le voir. Nous réformerons cela, et d’autres choses avec. Ne m’accuse de rien : je crois que je t’aime.

— Pas tant que moi ! C’est impossible ! m’a déclaré Thierry, qui m’a sauté au cou. Car je me rappelais que tu étais intelligent, mais pas tant. Et avec toi, je veux bien tout apprendre… enfin tout ce que tu sais ; le reste, c’est inutile, puisque en ne le sachant pas, tu es un monsieur tout de même.

— Tiens, c’est curieux, dis-je en souriant, tu as envie d’être « un monsieur » ? C’est cela