parler d’amour. Je suis forcé de dire qu’il a, en naissant, apporté, sinon la connaissance, du moins le pressentiment le plus juste de cette grande passion. Ce qu’il dit semble réfléchi, tellement c’est nuancé. En somme, son programme n’est pas le même que celui des Universités !…
Je lui ai demandé :
— Qu’est-ce que tu aimerais voir d’abord dans le monde ? Constantinople ? Pékin ? Les Pyramides ?
Il a répondu :
— Non !… La place où est enterré Pascal, à Saint-Étienne-du-Mont, (— de Pascal il connaît juste trois pensées —) et un couvent aussi bien que la Grande-Chartreuse, mais où il y aurait des moines, pour les entendre à l’office de nuit.
À de telles paroles je ne me tiens pas de joie. C’est pour moi une fête du cœur que la seule idée de l’emmener, de l’élever, de parler avec lui, puisqu’on parle comme avec un homme qui aurait gardé les idées fraîches de son enfance. Mais devant toutes les amitiés que Thierry a suscitées dans ce village de montagne, j’ai compris que ce serait un drame pour lui et les autres que de dire : « Je l’emmène ; il ne reviendra pas. » Il fallait donc mentir, affirmer : « Nous partons quelques jours ! » Et ensuite on verrait. C’est ce que je viens de faire. La nouvelle a été bien accueillie.