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27 juillet 1937.

Hélène, je suis en train de devenir heureux : vous permettez que je vous en fasse part tous les jours ? Ce n’est pas qu’aujourd’hui j’aie fait des découvertes aussi fameuses qu’hier. Disons qu’elles sont d’un autre ordre. J’ai découvert que Mme  Hébert me volait, que le pauvre curé est dénué d’esprit, et que l’instituteur est un âne ! Mais… tout cela, Thierry le savait. Il m’a montré la liste des mots latins que lui fait apprendre le curé : scutale, la poche de fronde ; focale, la cravate ; subligar, le caleçon ; toral, la housse de lit ; minutal, le hachis ; torcular, le pressoir. Il raconte, en les illustrant d’éclats de rire, des choses épiques sur l’avarice de Mme  Hébert, et sur les rencontres du curé avec l’instituteur. Ces messieurs, paraît-il, se saluent poliment ; puis le curé, qui est un brouillon, dit dans un bouillonnement de mots :

— Alors, vous ne voulez toujours pas croire en Dieu ?

Et l’autre reprend avec un calme sentencieux :