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LE PETIT GARÇON ENCHANTÉ

Ils s’étaient tous remis à la tâche. Au bout d’un quart d’heure, elle avait ouvert un œil, soupiré : elle était vivante ! Cris de bonheur ! Voilà tout une maison dans la joie, et le petit garçon fêté, adoré ! Le maçon, finissant l’histoire, pleurait à chaudes larmes.

— Si vous étiez mort, monsieur, disait-il, on l’adoptait !

Sur ces mots, Flora descendit. Elle tenait Thierry par le cou. Quand elle me vit, elle s’arrêta, perdue d’émotion. Puis elle se jeta sur mes mains et les embrassa. Je ne savais que dire : cette petite était belle, d’une beauté ardente et piquante, elle respirait par la volonté de Thierry. J’aurais lu ce fait divers, j’aurais dit : « Trop beau pour être vrai ! » C’était vrai.

— Faites-nous plaisir, monsieur ! Restez à dîner ! me dit Flora.

Je m’assis, et je dis simplement combien j’étais heureux…

La comtesse, Mme Alexandreff, la petite Italienne : j’étais ébloui de la destinée de mon fils. L’annonce d’une vie de triomphateur !… Mais où se cachait-il ? Encore disparu.

— Ne vous inquiétez pas ! me dit Flora. Il a couru chercher son phonographe pour jouer du Mozart pendant qu’on dînera.