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CHRONIQUE D’UN TEMPS TROUBLÉ

l’enfant avait compris ! Ce qu’il faut, mesdames, c’est que l’enfant saisisse qu’il est un porte-graines !

À l’audition de ces mots, j’ai senti un regret cuisant de n’avoir pas un appareil photographique pour emporter l’image de cette toute ronde éducatrice et de tout le public qui saluait d’applaudissements cette initiation humano-botanique. Cependant, un jeune professeur suisse, M. Conrad Bauer, demanda humblement la parole pour présenter quelques modestes réflexions, et la corbeille des vieillards ayant acquiescé, on le convia à monter sur l’estrade.

Il était blond ; il était fin. Il dit doucement l’intérêt qu’il avait pris à entendre les uns et les autres, mais… qu’il croyait de son devoir, puisqu’il enseignait des enfants, d’affirmer que rien ne lui semblait plus dangereux que d’éveiller des curiosités sexuelles chez les adolescents. De terribles expériences venaient d’être faites en Autriche, en Allemagne, hélas en Suisse. Et il ajouta fort gentiment :

— À force d’éclairer toutes les fonctions, nous oublions que les plus importantes ne restent saines, que tant qu’on leur laisse quelque inconscience. (Ce mot plongea les jeunes abbés dans la stupeur.) Danger de l’intelligence et de ses curiosités ! Un médecin me disait récemment qu’il ne pouvait