— Pourquoi pas ? me dit Thierry sans étonnement.
— Oh ! repris-je, c’est admirable ! Écoute, écoute : on n’entend aucun bruit, nulle part !
— Alors, papa, ce n’est pas la peine que j’écoute ! dit Thierry qui éclata de rire.
Le rire résonnait si frais, que je lui dis :
— C’est bon de t’entendre rire… à travers toute la France ! Mais que la France est sage, Thierry ! Pourtant, il n’est que sept heures : les gens ne peuvent pas tous être couchés.
L’enfant rit encore.
— Mon petit Thierry, es-tu heureux ?
— Non, fit Thierry brusquement, pas ce soir !
— Pas ce soir ? Pourquoi ?
Et j’entendis une voix décomposée qui disait :
— Parce que je suis sur ma leçon depuis deux heures ! Parce que je n’y comprends rien ! Parce que c’est une sale leçon ! Parce que c’est pas bien de faire apprendre des leçons comme cela à des enfants de onze ans !
Dans le ton il y avait une révolte contre l’injustice. Je fus touché, je dis vite :
— Qu’est-ce que c’est que cette leçon ?
L’enfant me répondit avec dégoût :
— C’est sur la composition de l’eau de Javel !