Donc, ils sont pauvres… et forts. Mais ils nous trouvent riches… et faibles. Et ils voudraient que nous partagions nos richesses… en devenant forts. C’est difficile à combiner !
Ne croyez pas qu’en vous rapportant cela, je déforme leur pensée, qu’en la synthétisant je la grossisse. M. Rimmermann, un dimanche, m’a emmené déjeuner chez sa sœur, dont le mari fabrique des ronds de feutre à mettre sous les pots de bière. Quoique cette industrie n’ait rien pour éveiller l’esprit, cet industriel allemand est loin d’être grossier. C’est un petit homme débile. Je l’ai vu manger de grandes quantités de charcuterie, qui ne l’épaississent pas. Cependant, il n’a pas de tact. Il s’est battu à Verdun comme moi, et il a tenu à le rappeler d’une curieuse manière. Près de nos serviettes, entre les verres et le pain, il y avait de petits tanks en plomb. Il m’a dit gracieusement : « Vous pouvez emporter… en souvenir. » Et il s’inclinait, ému.
Dès que nous fûmes à table, il m’a remercié d’être venu voir l’Allemagne, les dispositions financières de l’état hitlérien ne permettant guère d’exporter des marks et par conséquent d’aller voir la France, et pour la seconde fois, pensant être galant, il m’a demandé des nouvelles de « ce grand pays où il avait tiré tant de balles de mitrailleuses » ! Est-ce que le gouvernement de la République ne deve-