à nous battre. À moins que ce ne soit… contre le communisme. Alors, ce ne sera pas une guerre : ce sera une croisade !
Puisqu’il restait une possibilité de s’égorger, la place était réservée au bon sens : je n’avais rien à dire de plus.
Et puis, comment feraient-ils la guerre ? Ils sont si pauvres ! Forts mais pauvres ! Et nous, si riches, pouvons-nous les comprendre ? Que de fois fonctionnaires, industriels, professeurs m’ont expliqué :
— Nous ne tenons que par un travail acharné. Mais nous n’avons rien, rien d’acquis. Pas d’or ! En tout et pour tout, l’Allemagne possède cent quatre-vingt millions d’or. Concevez-vous cela ? Et pas de graisse ! Ni lait ni beurre ! Le traité de Versailles nous a pris toutes nos vaches. Nous n’avons jamais, jamais pu reconstituer notre cheptel !
Un soir, M. Rimmermann a ajouté avec un grand sérieux :
— Pourquoi la France, qui a la réputation d’une historique générosité, ne retrait-elle pas une conférence internationale, où elle dirait : « Je trouve juste qu’à l’Allemagne qui souffre et est si pauvre nous offrions ensemble… un petit peu de graisse ! »
Heureusement, j’étais dans l’ombre ; il y avait à la lampe un abat-jour épais ; j’ai pu dissimuler que je prenais du plaisir, là où j’aurais peut-être dû ressentir une émotion sacrée.