Hitler a voulu rendre une armée à l’Allemagne. C’est pour l’honneur ! Parce qu’il est plus honorable de porter les armes que de ne pas les porter, et qu’il n’y a pas un Allemand qui juge autrement ! (Il parlait, le corps raide et tendu.) L’Allemagne sans armée, continua-t-il, était malheureuse. Elle se sentait déchue. Monsieur, l’Allemand se plaît tellement à porter les armes que les trois quarts de nos soldats possèdent un uniforme à eux, payé par eux. Notre Chancelier a compris ce goût profond de la race.
Je pensai en moi-même : « Ce qui n’est pas rassurant ! » Mais M. Torsthoffen poursuivit :
— J’ajoute que l’esprit de notre armée est sans rapport avec l’esprit des troupes qui ont fait la terrible guerre. Il est difficile de parler de nos chefs ; nous en avons encore si peu ; mais ceux que nous avons sont les amis de leurs hommes. Armée démocratique, où l’officier est enfin, comme dans la vôtre (il s’inclina), près du soldat.
Je pensai en moi-même : « Donc, elle devient plus forte. Ce qui n’est pas réconfortant. » Puis je dis tout haut :
— En somme… c’en est fini de la guerre ?
M. Torsthoffen réfléchit ; après quoi, comme s’il exhalait sa conscience, il répondit d’une voix chargée de tout son souffle :
— Je ne crois pas que nous recommencions