malgré les chaudes démonstrations de M. Kiss à qui M. Rimmermann m’a confié, je ne suis pas convaincu que l’Allemagne ainsi tienne du bonheur. Il est vrai que le bonheur pour un Allemand c’est peut-être la force. Alors…
M. Kiss ne m’a pas déplu. C’est un homme simple, le rêve de M. Rimmermann. Il m’a montré des photographies d’enfants qui rient, de parents qui rient, d’ouvriers qui partent en vacances et qui rient ; et lui-même riait ! C’est un grand diable qui se contente d’apparences et de disciplines. Il m’a dit, avec la satisfaction du statisticien pour qui les chiffres sont une preuve :
— Il y a douze mille Allemands, qui en 1936 ont pu se rendre à Madère. C’était des ouvriers en marmelades et gelées… On construit dix bateaux, qui en dix voyages pourront emmener, l’été prochain, trois cent mille Allemands vers la Norvège. Et on prépare une plage chez nous, pour en recevoir vingt mille !
Il trouvait ces résultats magnifiques : j’ai peur de les trouver lugubres. Ce qui plait à M. Kiss, c’est d’être engagé dans une voie morale. Il se gargarise de cette idée que tous les hommes ont droit aux beautés naturelles, et qu’il doit être à tous permis de jouir des biens terrestres ! Seulement, il n’y a pas de beauté qui résiste à trois cent mille Allemands, et les trois cent mille