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IX

J’écris une belle lettre


C’est dimanche, on ne fait rien, on a bon. Moi pas, parce que je m’embête quand il n’arrive rien. La maison est toute vide, il me semble. Au matin il a venu un orgue de Barbarie, pendant qu’on sonnait à messe. On m’avait donné trois cennes pour aller à messe, une pour la collecte du curé qui regarde toujours ce qu’on donne comme s’il n’avait pas du temps assez pour compter après, une pour le tronc de saint Roch et une pour la calbotte du vieux Nahaut qui dit si bien « Dieu vous rende ! », même quand on ne fait que semblant de mettre. Mais j’ai donné les trois cennes à l’orgue de Barbarie, une à la fois, pour qu’il joue tout le temps devant notre maison. Il était tout fâché parce qu’il croyait avoir tout d’un coup et ne jouer qu’une petite air. Quand il faisait tourner sa manivelle, elle attrapait toujours la burtelle de cuir, que je croyais à tout moment qu’elle allait casser et que l’orgue allait peter à terre parce qu’il n’y a qu’une canne en