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comme elle me voit tout près de la porte, elle veut m’embrasser et elle crie :

Qui bénihe co cint côps voss binamé p’tit crolé valet !

Mais moi, je n’ai pas besoin de ça et je mets mon coude devant ma figure, je ne veux pas une baise après qu’elle a été embrasser les crapes, moi. C’est Trinette qui a pris l’enfant, et qui va dans la place et revient en arrière en le faisant aller et sauter dans ses mains comme pour faire une grosse boulette de hochet avec. Et elle chante sur une bête air qu’elle invente : Lááá, lááá, volà qu’c’est tot. Et l’enfant s’arrête de chouler pour tâcher de comprendre ce qu’elle raconte. Il est aussi bête qu’elle.

C’est tot l’mainme on bai èfant, qu’elle dit Trinette en le tenant au bout de ses deux bras pour le regarder, puis elle se tourne vers ma tante :

N’èdonc ?

— Awet çoula, po on bai èfant, on l’pou dire, que ma tante répond en s’arrêtant de tricoter et mettant une main toute plate contre sa joue, comme si elle avait mal aux dents, mais c’est pour mieux tuser en regardant le p’tit.

Et vos donc, Moncheu, qu’enne è d’héve ? crie-t-elle Trinette, en v’nant tout près de mon oncle qui raccommode justement une des grosses moffes de cuir qui est un peu déhouzue. Et Trinette laisse clincher l’enfant pour le mettre dans la figure de mon oncle,